Le petit Mohamed rendu à sa mère

L'enfant adoptif, âgé de 2 ans et demi, avait été retrouvé perdu le 5 août dernier dans une cité marseillaise Il y a dans l'oeil de Mohamed mille promesses de vie. Et tant de clins d'oeil d'innocence. A sa sortie hier du palais de justice de Marseille, sanglé dans un survêtement blanc et une petite parka bleue, le garçonnet, âgé de deux ans et demi, a tout juste eu le temps d'ouvrir de grands yeux sur le monde, celui des grands, avant d'être mitraillé par les flashes. Depuis plus de trois mois, il vivait au pays des petits, au foyer de la Grotte-Rolland, dans les quartiers sud de Marseille. La justice menait l'enquête. On avait évoqué de sombres trafics d'enfants, d'hypothétiques réseaux de faux papiers, d'improbables escroqueries aux allocations familiales. Rien de tout cela ne s'est avéré fondé. Et puis, le juge des "petits", juge des enfants pour les grands, a décidé hier de rendre Mohamed à sa mère adoptive. Il a suffi d'un geste judiciaire pour redessiner sans fard un large sourire sur le visage de Fatma Ghalem, 34 ans, qui, depuis le mois d'août, affirme avoir tout fait pour s'occuper de Mohamed. Elle a dit l'aimer comme une mère aimerait son fils, même si Mohamed n'est pas de son sang. Même si elle était repartie quelques jours en Algérie pour se rendre au chevet de sa mère malade. Point de friction de l'affaire. "Ça y est. Il est là. Je suis très très contente. Je vais maintenant le ramener à la maison. On va faire une grande fête", a lâché Fatma. Elle a remercié tout le monde. Presque la terre entière, son avocate comprise. Me Valérie Picard-Dabée a expliqué qu'elle allait engager une procédure de délégation d'autorité parentale "pour simplifier les choses"et désormais la vie nouvelle de Mohamed. Sans suspicion. Sans histoire à dormir debout. Il y avait hier ses quatre frère et soeurs, âgés de 6 à 14 ans, les enfants naturels de Fatma, qui se pressaient autour de Mohamed comme on touche un bonheur de frère retrouvé auquel on ne croyait plus. Imad, en chef de file des petits au pays des grands, a pris la parole, promis qu'il allait très vite "jouer au foot avec son petit frère". Il a aussi expliqué qu'il pourrait désormais dire à tous ses copains que Mohamed est son vrai frère. Dans ces moments-là, les enfants savent nous donner des leçons de fraternité. Et puis, Fatma s'est éclipsée. Son petit Mohamed dans les bras. Et c'est dans son oeil à elle qu'on a lu cette fois mille promesses d'une vie nouvelle Mohamed, 2 ans et demi (à gauche), dans les bras de Fatma, 34 ans, sa mère adoptive, a retrouvé hier ses quatre autres frère et soeurs devant le palais de justice.

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